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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 22:06

Aucun de mes enfants n'a appris à monter à la corde, alors que c'était de mon temps un classique du gymnase. Pourquoi cette mystérieuse disparition d'un apprentissage très utile ? A l'heure où l'on discute d'une refonte des programmes scolaires, il nous a semblé utile d'enquêter.

Sans être un fanatique de gymnastique, force est de reconnaître que dans de nombreuses circonstances savoir monter et descendre le long d'une corde peut s'avérer bien plus utile que, par exemple, faire la roue ou le poirier - comme l'illustrera ce dialogue avec un adulte coincé en hauteur :
- On a appelé les pompiers. Est-ce que vous avez une corde ?
- Oui.
- Fixez-la solidement et vous pourrez descendre, il n'y a que quatre mètres.
- Mais je ne sais pas faire les nœuds...
Bon, c'est un mauvais exemple – les nœuds n'étant pas non plus enseignés à l'école. Admettons que la corde est déjà mystérieusement en place, genre corde de fakir :
- C'est bon, descendez le long de la corde !
- Je ne sais pas ! dit la malheureuse victime d'une voix paniquée.
- Mais je sais faire le poirier ! ajoute-t-elle soudain, pleine d'espoir.
- Quoi ?
- Et aussi la roue !
Bref, la vérité oblige à dire que la plupart des gens ne feront jamais la roue ou le poirier de toute leur vie d'adulte : avez-vous souvent vu dans la rue des gens faisant la roue ? Non. Pas plus que le type qui attend sa femme parce qu'il a oublié ses clefs ne poireaute en poirier : assis en lotus, à la rigueur, s'il est assez souple, mais en poirier devant l'entrée de l'immeuble la tête en bas - non, jamais.

Alors pourquoi quelque chose d'aussi utile a-t-il été supprimé du programme scolaire ? Une intense recherche de quelques minutes sur la Toile n'ayant pas apporté de réponse, nous allons essayer d'y arriver par le raisonnement, technique également enseignée à l'école... Quoique selon d'autres sources toute logique ait disparu des programmes scolaires.

- Commençons par des raisons techniques :
L'UE a-t-elle imposé des normes ? Épaisseur de la corde, résistance (que celui qui n'a jamais douté de la solidité de sa fixation au plafond du gymnase me jette le premier tapis de sol), d'où découlerait un manque d'inspecteurs des cordes ? Problème de qualité-produit, contrefaçon chinoises de cordes, manque de cordes françaises ? On s'interroge.

- Des raisons religieuses et communautaires : manque de cordes halal ou cachères ? Indécence du geste, refus de voir des garçons concupiscents reluquer le cul montant de nos jeunes filles ? En outre, il existait jadis deux variétés de corde : lisse ou à nœuds, lesquels facilitaient l'apprentissage puisqu'on pouvait y caler ses pieds pour faire une pause, comme un grimpeur ou alpiniste sur un replat. Mais ces nœuds sur une corde n'évoquaient-ils pas de trop près un gland phallique, une bonne dizaine de glands, même ? Sans oublier la descente et cette tige qui glisse entre les cuisses. Qui peut savoir : il n'y a pas de limites à l'imagination libidineuse des fanatiques.

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14 juillet 2013 7 14 /07 /juillet /2013 17:50

Selon une source proche du gouvernement (aucun rapport avec le limogeage récent de la ministre écolo Delphine Batho, quoique...), cet incident diplomatique sans précédent fait suite à la découverte par l'UE que les États-Unis espionnent sans vergogne les diplomates, les entreprises et les dirigeants politiques européens.

On a mesuré aux déclarations de François Hollande à quel point il était peu au fait des arcanes de l'espionnage et ignorant de son ampleur permise par les moyens techniques inégalés de la NSA.

Lorsque les services lui ont appris la présence à bord de l'avion d'Obama d'Edward Snowden - l'homme qui a révélé les écoutes européennes par les USA - vraisemblablement suite à des pourparlers secrets entre le FBI et le FSB pour qu'il soit rapatrié et jugé pour trahison, le président Hollande, en accord avec plusieurs pays européens (Italie, Espagne et Portugal), considérant que l'UE s'honorerait à protéger un lanceur d'alerte, a interdit à Air Force One le survol du territoire français. Sa décision a été applaudie par le FDG, le FN et quelques centristes, ainsi que plus discrètement par quelques PS et UMP chez lesquels souffle encore un peu l'esprit du gaullisme.

Malheureusement, à la suite d'un dysfonctionnement entre les services secrets, la défense et l'aviation civile, c'est l'avion du président bolivien Evo Moralès qui a été bloqué et contraint de faire escale à Vienne, provoquant l'ire de celui-ci, qui a vu son immunité diplomatique bafouée, et la fureur de tout un peuple qui s'est senti humilié.



L'enquête a montré que, comme souvent, un grain de sable a suffi à gripper la machine gouvernementale. Un obscur fonctionnaire des services a confondu les deux présidents, aggravant son cas en faisant montre d'un racisme obtus : « entre une tête latino et une tête de black, j'ai confondu... » , a-t-il déclaré aux enquêteurs pour excuser sa bévue. Il a été limogé aussi vite que la ministre Batho, mais son identité est gardée secrète pour d'évidentes raisons.

Les médias américains ont peu parlé de cet affront pourtant majeur à leur président, probablement parce que resté à l'état d'intention, et ont simplement bloqué quelques tonnes de fromage français.
Les USA, grands seigneurs et bons chrétiens, ont vite pardonné l'offense : ils ont déclaré qu'ils acceptaient de reprendre rapidement les négociations européennes sur le traité de libre-échange transatlantique – où ils ont pourtant tout à gagner.

On lit ici ou là des versions délirantes de cet incident, selon lesquelles la France et d'autres pays européens se seraient comportés en véritables vassaux des Etats-Unis, lesquels soupçonnaient la Bolivie d'avoir accordé l'asile politique à Snowden. Comment peut-on imaginer une seconde que la France ait pu bafouer le droit international et se comporter aussi servilement ?

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13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 23:05

Avec l'Anglotron, méthode révolutionnaire, ne plus être bilingue en 3 mois - c'est possible !

Vous souhaitez nettoyer votre esprit pour apprendre d'autres langues ? Le chinois, le russe peut-être, l'arabe, l'espagnol, le portugais, ou encore la langue mondiale espéranto ? Bref, les langues de demain plutôt que le globiche, cet anglais d'aéroport que tout le monde bafouille ?

Autour de vous, au travail notamment, vous avez remarqué que de nombreuses personnes sans talent particulier ont un niveau très faible en anglais : elles arrivent parfaitement à oublier tout ce qu'elles ont appris, sans aucun effort apparent. Et vous voudriez faire pareil. Sachez qu'ils n'ont rien de plus que vous, c'est une question de méthode.

Depuis l'enfance, on vous a empli le cerveau avec de l'anglais : votre “nanny” refusait de vous répondre en français, elle ignorait vos suppliques quand celles-ci n'étaient pas en bon anglais d'Oxford. Vous en avez gardé des séquelles, c'est bien compréhensible. Vos parents eux-mêmes vous offraient des “toys”, des “guns”, voire des “special-unit-power-guns”. A l'école primaire, l'anglais a peut-être favorisé en vous une dyslexie par sa phonétique aberrante ou, au minimum, gêné votre apprentissage du français. Au collège, vous avez été tenté par d'autres langues, mais l'anglais était là encore obligatoire. Pire : le nombre d'heures d'exposition augmenta, tandis que vous parents vous imposaient des séjours réguliers à Londres, voire aux USA, avec tous les risques que cela comportait.

Avez-vous parfois des migraines, des céphalées ? En effet, ces traumatismes répétés durant les années où le corps et l'esprit se construisent ont pu déclencher une migraine chronique car, selon de nombreuses études, l'anglais utiliserait des fréquences nocives pour l'oreille interne.

Posez-vous les questions suivantes :

Qu'est-ce qui vous empêche de progresser professionnellement ? N'est-ce pas l'impression que votre cerveau est limité, n'a plus de place pour de nouveaux apprentissages ?

Qu'est-ce qui vous empêche d'être un bon commercial à l'étranger ? N'est-ce pas l'impossibilité de vendre au client dans sa propre langue ? Votre incapacité à un simple échange de politesses autrement que dans un baragouin d'anglais “international” ?

Qu’est-ce qui vous empêche de lire de nombreux journaux du monde entier, et de vous forger votre propre opinion, indépendante de CNN ou Fox News ?

Qui vous empêche d'être ce que vous voulez vraiment être ?

Comme vous le faites avec votre ordinateur, il faut procéder à un nettoyage régulier de votre cerveau, car toute exposition prolongée à l'anglais dépose des fragments de langue, d'autant plus difficiles à extirper qu'ils sont éparpillés dans diverses zones du cortex cérébral - un peu comme Windows dans les ordis.

Notre méthode, la défrogmentation (défragmentation des Français), dérivée de l'hypnose, s'appuie sur les dernières connaissances en neurodidactico-linguistico-psychologie. Elle fonctionne comme les logiciels antivirus : on active d'abord les réseaux neuronaux concernés par la lecture de phrases en “basic english”, après quoi quelques secondes d'Anglotron effacent la zone “allumée”.

Plutôt que d'oublier peu à peu cet anglais qui vous a été implanté tout au long de votre scolarité, l'Anglotron vous nettoiera le cerveau en une séance par mois, pour un bon rapport qualité-prix : vous vous sentirez totalement vidé, zen.

Évidemment, si vous maitrisez la langue de Shakespeare, il y aura beaucoup plus de travail pour obtenir un résultat propre et net.

Vous m’enverrez un premier mail où vous m’expliquerez votre problème, pour un nettoyage à sec personnalisé.

L'essai et la première demi-heure de travail sont gratuits. Si vous jugez que l'oubli qu'on vous apporte n'est pas assez planant, vous ne me devrez rien du tout. Mais si vous voulez continuer à vous vider la tête, nous basculerons vers une offre payante, un “deal” pour reprendre un des mots à oublier.

Pourquoi me faire confiance ?

J’ai vécu dans six pays différents. J’ai déjà fait oublier l'anglais à de nombreuses personnalités de plus de soixante nationalités différentes et, sans dévoiler leur identité, vous pouvez constater à la télévision qu'il leur en reste très peu de notions.

Nous réalisons des devis en toute discrétion. Nul dans votre entourage ne saura que vous avez eu recours à nos services pour oublier l'anglais !

Vous pourrez voir sur ma biographie que j'ai toujours facilement oublié tout ce que j'ai appris, gage de sérieux.

Le premier essai est gratuit : comptez jusqu'à mille, et vous aurez déjà oublié une bonne partie de ce que vous venez de lire !

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13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 23:01

Nous suggérons une pétition nationale pour que la Légion d'honneur soit décernée à J. Cahuzac (nomination directe à la dignité de grand-officier), mais également une pétition européenne pour qu'il soit proposé au prix Nobel de la paix.

Pourquoi tant d'honneurs pour un homme que tous accablent ?

Parce que grâce à lui nous avons - enfin - un président qui a non seulement annoncé une République propre mais porte haut le flambeau de la lutte contre les paradis fiscaux !

François Hollande vient en effet d'annoncer un catalogue de mesures propres à faire passer les diatribes de Mélenchon pour le prêche d'un brave curé de campagne :

"nécessité d'une lutte implacable contre les dérives de l'argent, la cupidité et la finance occulte".

Bon, il l'avait déjà dit dans sa campagne électorale, mais discrètement, presque en catimini, s'excusant ensuite devant la City comme si sa formulation avait outrepassé sa volonté. Là, non, c'est de la rage ! Après le choc fiscal, le choc de compétitivité, voici venu le temps du président de choc ! 

"Les banques françaises devront rendre publiques chaque année la liste de toutes leurs filiales partout dans le monde pays par pays"

Avec ses troupes d'assaut-cialiste, Notre président de choc va porter la lutte au niveau européen, voire mondial. Les paradis fiscaux devront « être éradiqués dans l'Europe et dans le monde. C'est la condition pour préserver et protéger l'emploi", ni plus ni moins ! Tremblez, mafieux et argent occulte, la force de frappe française arrive ! La stratégie est claire : frapper les esprits, puis taper au portemonnaie et, si ça ne suffit pas, on envoie les forces spéciales dans les îles anglonormandes - pour commencer.

Il reconstruira tout ce que notre ex-président Sarkozy a sabordé, peu sensible à ce sujet, fasciné qu'il était par la France qui réussit financièrement - avec ou sans dopage... Il avait réduit le pôle financier à la dimension d'un gros placard à balai ? On le reconstruira, avec pour faire bon poids une haute autorité, un parquet et un "procureur spécialisé".

Bon, plutôt que de créer des structures supplémentaires, on aurait pu maintenir des commissions parlementaires permanentes, avec pouvoir de contrôler et d'enquêter - les députés étant déjà payés par le pays pour faire leur boulot. De même, pourquoi créer un « Office central de lutte contre la fraude et la corruption », alors que ça existe déjà sous d'autres noms ? Mais ne chipotons pas : tout ça est fait dans l'urgence, on verra demain pour les détails, l'intendance suivra, dans la guerre économique comme dans les autres.

Grâce à J. Cahuzac, cette haute autorité "étudiera de manière approfondie la situation de chaque ministre avant et après sa nomination" : on espère que le président sera inclus, cela aurait été fort utile pour blanchir (ou pas) NS de tout soupçon sur le financement de ses appartements, sur lequel plusieurs médias ont émis des réserves...

Grâce à lui, le non-cumul des mandats – qui ne semblait pas urgent... - devient soudain une priorité, étendu qui en outre à d'autres activités professionnelles (les tribunaux de commerce peut-être, ou les politiciens-avocats ?)

"l'interdiction du cumul d'un mandat parlementaire avec l'exercice de certaines activités professionnelles pour prévenir tout conflit d'intérêt".

Il va falloir rétropédaler sec sur les projets de suppression de certaines chambres régionales des comptes !

Grâce à lui, la politique redevient passionnante ! Les prudents éléments de langage des politiciens se transforment en missiles : F. Fillon dévoile son patrimoine et met au défi son rival JF Copé d'en faire autant, sous-entendant au passage que les politiciens-avocats devraient déclarer à la fois leurs honoraires et le nom de leurs clients...

Que de suspicion soudain : hier tous honnêtes, aujourd’hui tous suspects ! Grâce à Cahuzac, fini les phrases lénifiantes des communicants, place au parler-vrai !

Grâce à lui, on se fait nous aussi taper sur les doigts ! Eh oui, nous, Français, avons souvent réélu des politiciens condamnés, par esprit clanique ou par corporatisme, camp contre camp : eh bien, c'est fini, nous ne pourrons plus voter pour des délinquants ! Zut alors, l'honnêteté, c'est parfois tristounet.

François Hollande a annoncé "une inéligibilité temporaire, voire définitive, pour les élus dès lors que ces motifs auront été reconnus et identifiés par la justice".

Rendons à César ce qui est à César : ce sont des magistrats, des politiciens atypiques ou des ONG comme Transparency international qui recommandent depuis longtemps la fin du secret des circuits financiers, la communication automatique des informations bancaires, et c’est maintenant François Hollande qui aura la lourde tâche d'accomplir tout ça, au risque s'il ne le fait pas, au moins en partie, d'une déception à la hauteur de ses annonces ambitieuses.

Mais c'est la première fois qu'un président s'engage à ce point, déclare une guerre ouverte contre le crime en col blanc, allant jusqu'à menacer les pays qui ne répondraient pas favorablement à notre cause sacrée : "je n'hésiterais pas à considérer comme un paradis fiscal tout pays qui refuserait de collaborer pleinement avec la France"

La légion d'honneur, soit, à la rigueur, mais pourquoi le prix Nobel de la paix, me direz-vous.

Selon les experts, une lutte efficace contre les paradis fiscaux permettra progressivement de réinjecter dans le tissu social l'argent noir des mafias et de la délinquance en col blanc. Une bonne partie des dettes nationales serait ainsi résorbée à moyen terme. C'est en cela que J. Cahuzac mérite le prix Nobel de la paix sociale.

Vous me direz que J. Cahuzac ne l'a pas fait exprès, qu'il n'y est pour rien ? Certes, mais nombre de découvertes scientifiques ont été faites par hasard, leur auteur est pourtant toujours entré dans l'histoire. Serait-il juste que le déclencheur d'une révolution morale sombre dans l'oubli ?

Déjà le Luxembourg a reconnu du bout des lèvres qu'il pourrait assouplir son secret bancaire, reconnaissant à contrario son rôle éminent de paradis fiscal ; de même la ministre suisse a dit qu'il fallait aussi s'intéresser aux îles anglo-normandes (cf. le Canard du jour). Les zones grises se dénoncent entre elles : ça sent la poudre !

Et tout ça grâce à qui ? Pas à Hollande qui, sans l'affaire Cahuzac, serait resté cantonné au réformisme prudent et consensuel qu'il affectionne. L'homme qui a transformé F. Hollande en chevalier blanc, l'alchimiste qui a transmuté notre social-démocrate en boutefeu, qui a déclenché un tel bouleversement européen, - cet homme du destin ne doit-il pas être honoré à la mesure de ces évènements ?

Le tout, c'est que notre héroïque président ne se transforme pas en Don Quichotte, s'attaquant à de malheureux moulins tandis que les vrais banksters battent la campagne et ramassent les radis...

NB : n'oublions pas non plus Nafissatou Diallo qui nous a très certainement évité d'avoir comme président de la République un homme à la moralité, disons, très atypique...

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7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 18:51

La faute de J. Cahuzac n'est pas celle que l'on croit.

Il a eu un compte en Suisse ?

Bof, qui n'en a pas ? Moi-même, jadis en voyage avec mes parents, j'ai eu droit à une tirelire en chocolat : « C'est offert par la maison ; s'il travaille bien, un jour votre fils pourra ouvrir un compte en Suisse ! » Comment lui jeter la pierre, alors que j'ai été corrompu si jeune par les rabatteurs d'un paradis fiscal ?

Il a fraudé le fisc ?

Franchement, qui n'a pas arrondi de quelques euros sa déclaration d'impôts ? Certes, il s'agirait ici de presque un million, mais qui vole un œuf ne vole-t-il pas un bœuf ? Est-ce sa faute si tant de gagne-petits ne sont pas fichus d'épargner un million ?

Non, tout ça est mesquin. Attaquons-nous au dur : à en juger sur les déclarations indignées de la droite, son grand crime serait d'avoir menti à la noble Assemblée de ses pairs, rivaux et amis réunis ; au président même.

Sérieux : si nos députés sont naïfs au point de croire que leurs collègues et le gouvernement ne mentent jamais, il faut vite les virer de leur fonction ! D'ailleurs, dans « gouvernement », il y a « ment » - est-ce un hasard ? La politique est une activité cruelle, seuls les plus cyniques y survivent, démagogie et mensonge sont intrinsèquement liés au métier.

Serait-ce alors la crainte de la réaction du peuple ?

Non, le bon peuple a été plus surpris que choqué : « Tiens, un politicien qui avoue ? Qu'est-ce qu'il lui prend ? »

A la limite peut-on s'offusquer de son manque de patriotisme européen : pourquoi un compte en Suisse et à Singapour quand nous disposons de superbes paradis fiscaux bien de chez nous, au Luxembourg et à la City ?

Alors quoi ? Ne serait-ce pas justement cet aveu qui fâche tant ses amis et ennemis politiques ?

Car il eût pu, comme tant d'autres, traîner d'appel en cassation jusqu'à son centième anniversaire, et demeurer un honnête homme pouvant se présenter devant les électeurs vêtu de sa présumée probité. Mais il a avoué : tant pis pour lui. Ça n'engage nullement tous les autres délinquants à faire de même : où irait-on si on déballait la vérité sur les irradiés de l'atome (civils tahitiens, ingénieurs ou simples soldats), sur l'amiante, le sang contaminé, les écoutes de l’Élysée, les emplois fictifs, les frais parisiens de naguère, les élections truquées, le financement illégal des campagnes, les prise illégales d'intérêt, l'affaire Tapie, les commissions occultes, la caisse noire de l'UIMM, les cumulards de l'intercommunalité, les fromages des syndicats et j'en passe : imagine-t-on sérieusement que ses collègues vont maintenant se sentir obligés de raconter tout ce qu'ils savent ? Un défilé de confessions larmoyantes à l'américaine ? Mon Dieu, punissez-moi car j'ai péché ! Citoyens, pardonnez-moi, je promets de faire pénitence et de porter la croix à genoux, de l'Assemblée nationale à mon jet privé ?

Seuls les journalistes sont assez fous pour enquêter et chercher la vérité : rien d'étonnant à ce que cette activité soit perpétuellement menacée...

Non, ce qui fâche tant nos hommes et femmes politiques, c'est qu'à cause de cet aveu, François Hollande a été obligé de promettre pour demain une République honnête !

Il a sorti son dictionnaire de mots incongrus : « renouveau démocratique », « alerte éthique », annonçant des jours terribles : « "Toute la lumière sera faite et [que] la justice poursuivra son travail jusqu'au bout et en toute indépendance".

La justice indépendante et jusqu'au boutiste ? Pire qu'un gros mot : une horreur !

"Je porterai la durée d'inéligibilité des élus condamnés pour faits de corruption à dix ans",

"mettre fin à tous les conflits d'intérêts", concernant "aussi bien des ministres que des fonctionnaires ou parlementaires". (Le Monde)

Mais il est fou ? Avec le chômage qui bat des records, il veut faire de l’Élysée, du Sénat et de l'Assemblée des châteaux hantés par les huissiers ?

"publication et le contrôle de tous les patrimoines" (des ministres et des parlementaires.)

Dieu tout-puissant, c'est le retour de 1789 ! On est à deux doigts de ressortir la machine du sieur Guillotin et, avec les progrès techniques qu'on a faits dans les chaînes d'abattage, bien contents si on ne trouve demain que du bœuf ou du cheval dans notre nourriture industrielle... J'en connais qui cherchent déjà sur une carte la route de Varenne.

Respirons un bon coup et faisons la part de l'émotion suscitée par l'aveu de J. Cahuzac. François Hollande a été obligé de réagir à chaud, et ses paroles ont peut-être dépassé sa pensée.

Une fois la fièvre retombée, on peut raisonnablement espérer que la raison va reprendre le dessus, que les promesses de République honnête n'auront été que... mensonges, et que la vie politique reprendra son cours habituel : tortueux !

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 22:52

 

 

Snif, les élections américaines sont déjà terminées. Que va-t-on bien pouvoir lire maintenant ? De quoi vont parler les journalistes, analystes, commentateurs et spécialistes de la radio et de la télé ?

 

Bon, question suspense, il faut reconnaître que c'était pas terrible pour des pros d'Hollywood, des rois du "blockbuster" et des "page-turners". Moi-même, sans trop forcer j'avais prédit il y a déjà plusieurs semaines que ce serait Obama ou Romney, et je ne me suis pas trompé.

 

Les journaux vont désormais devoir rapatrier leurs cohortes d'envoyés spéciaux et leur demander d' écrire sur des choses sans intérêt : se rabattre sur la crise grecque, Fukushima, la désindustrialisation, le financement illégal des campagnes électorales... que sais-je encore, tous ces petits riens qui meublent les colonnes entre deux élections étasuniennes.

 

Quel ennui pour tous ces envoyés spéciaux qui nous ont détaillé jusqu'à l'écoeurement, et avec l'accent yankee, les coulisses de notre campagne électorale... Euh, je veux dire leur campagne : je sais maintenant tout des « swing states » (les États américains où l'échangisme est légal), du « Super-Tuesday » (un mardi férié pour des rencontres coquines inter-états - beaucoup de route à faire), les « spin doctors » (spécialistes de la chose), les Mormons (une religion à la mords-moi le noeud), la « bible belt » (ceinture abdominale recommandée par toutes les congrégations religieuses - pour faire ceinture, of course), la National Rifle Association (une rifle géante où à tous les coups de feu on gagne), la Scientologie (commission qui détermine leurs programmes scolaires scientifiques), les « cruise missiles » (croisières de luxe en Irak et peut-être demain en Iran).

 

En fait, à ma grande honte, je crois maintenant en savoir davantage sur leur société que sur notre propre système électoral. Là-bas, l'info est omniprésente, faisant de chaque citoyen un électeur consciencieux et informé, au point qu'une petite fille est devenue mondialement célèbre pour avoir pleurniché qu'elle n'en pouvait plus d'entendre parler de « bronco Bama et Mitt Romney », le tout filmé par ses parents pour l'édification des Européens.

 

C'est pas chez nous que l'éducation civique serait aussi poussée ! En France, y a même des parents inconscients qui éteignent la radio, voire d'autres encore plus stricts qui interdisent aux petits enfants la télé après 20 heures, les privant ainsi de Sarkozy ou Hollande... Avouons que c'est cruel.

 

Autre preuve de leur conscience citoyenne : malgré un endettement sans égal dans l'histoire de l'Humanité, une situation de faillite camouflée grâce à la Chine, ils ont quand même investi six milliards de dollars dans la campagne électorale ! Heureusement qu'ils n'étaient que deux candidats...

 

Vivement la prochaine élection américaine, que nous sachions si le phare du monde est toujours aussi allumé !

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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 18:33

Les eurodéputés protestent depuis longtemps contre les déplacements incessants entre Bruxelles et Strasbourg que les traités leur imposent (douze sessions plénières à Strasbourg). Ils ont récemment manifesté leur mécontentement en diminuant d'office la durée de leurs sessions strasbourgeoises (article du journaliste J.Quatremer). Ma solution est plus radicale qu'un simple choix définitif et unique de Bruxelles : un Parlement nomade.

Cela n'existe dans aucune démocratie ? Justement : l'UE est une construction unique au monde, on nous le répète assez souvent... Elle se doit donc d'innover en tout. Loin d'être trop mobile, le Parlement ne l'est pas assez !

L'UE, qui ne cesse de vanter la mobilité aux travailleurs, aux étudiants et à leurs professeurs, et de façon quelque peu obsessionnelle, ne serait pas capable d'en donner l'exemple ? On cite Erasme en exemple, on vante Erasmus, oui, mais pour les autres ?

Imaginez un Parlement qui, toutes les trois semaines, dresserait son chapiteau dans une ville différente, des plus grandes aux plus modestes, invitant les citoyens à venir assister aux débats : ce serait un retour à l'antique agora, une démocratie proche du peuple. Finis ces élus et ces fonctionnaires lointains et bunkerisés, soupçonnés, dans le meilleur des cas, d'élitisme, et de corruption néolibérale dans le pire.

Cela susciterait enfin un enthousiasme populaire que l'Europe actuelle, avouons-le, peine à créer.

- On va voir le cirque européen, maman ?
- Oui, chéri, mais il n'y a pas de clowns... Enfin, pas le même genre.

Cette identité européenne mythique, comment mieux la créer que par un lien direct avec la population, sans cesse renaissant dans les villes-étapes ? Nous pourrions bénéficier de l'expérience du Tour de France : une caravane de « mobil-homes » pour les députés et le personnel indispensable, tous reliés aux archives fixes de Bruxelles et Strasbourg par la technologie et Galileo.

Derrière suivrait la caravane des lobbyistes qui jetterait aux foules joyeuses des maïs OGM, des barres chocolatées à l'huile de palme, des biberons au bisphénol, des teeshirts "J'aime Monsanto" ou "Monsanto, je t'aime", "Irresponsable mais pas coupable", "Oui au boeuf américain", "Nucléaire, énergie propre", "Le téflon, c'est trop bon", vaporisant des euphorisants de synthèse sur les familles rassemblées au bord de la route. Les néolibs arriveraient en jeeps américaines de collection, les banksters en limousine, l'extrême droite en char d'assaut (démilitarisé), les partis écolos paraderaient en véhicules solaires ou hybrides, tandis qu'en queue de cortège viendraient quelques engins cahotants, affrétés par des ONG et des associations citoyennes désargentées.

Ce seraient des emplois créés à chaque étape : monteurs, électriciens, interprètes, ouvreuses... des CDD certes, mais enthousiastes. Et je vois d'ici la chaleur des petits cafés soudain emplis d'élus, de fonctionnaires et de journalistes excités, tous mangeant des produits locaux. Au passage, en revalorisant le mode de vie nomade, on atténuerait la mauvaise image de Roms, premier pas vers une meilleure intégration. En outre, on pourrait dormir chez l'habitant, nul doute que ces contacts favoriseraient les mariages mixtes... prémices d'une nouvelle génération d'euro-enthousiastes. Et le multilinguisme deviendrait enfin une réalité.

Le coût ? Assurément moindre : les villes se mettraient en quatre pour avoir l'honneur d'accueillir le Parlement. Le mauvais bilan carbone ? Certes, mais c'est le prix de la démocratie, et l'UE serait prête à basculer lors de la fin du pétrole : il suffira de revenir aux caravanes de chevaux, tout en gardant le même fonctionnement !

Pour une Union européenne mobile, vivante, grouillante, adaptable, humaine, authentique, folklorique, joyeuse et proche du peuple - des peuples - un exemple pour le monde entier. Mais je crains que les habitudes et la routine du confort ne l'emportent sur l'idéalisme.

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 16:45

Il est parfois proposé d'intégrer les Jeux Olympiques handicapés, ou paralympiques, dans les Jeux, comment dire... normaux ? Vrais ? Je ne sais comment le formuler sans être politiquement incorrect.

 

Petit rappel historique :

le nom de "paralympiques" vient des Jeux de Stoke Mandeville, nés en 1948, destinés aux paraplégiques vétérans de la seconde guerre mondiale. Puis développés ensuite aux USA en plusieurs compétitions, avant d'être intégrés à l'olympisme.

 

Intégrer, mais comment ?

On pourrait associer à chaque discipline une épreuve handisport.

On pourrait aussi fusionner, c'est envisageable dans quelques disciplines, mais cela semble problématique car, en cas de lourde défaite, l'athlète handicapé serait placé dans une situation humiliante. Inversement, si une prothèse faisait un jour courir ou nager plus vite que les meilleurs athlètes non-handicapés (j'allais dire normaux), ce serait la polémique assurée. Cette idée qui naguère aurait fait sourire est devenue plausible depuis les stupéfiantes performances de coureurs munis de prothèses dynamiques aux deux jambes.

« Stupéfiantes » est le mot juste : nous entrons dans l'ère du dopage par handicap ! On n'arrête décidément pas le progrès.

Ici ou là, on critique les médias pour la faiblesse de leur couverture des épreuves paralympiques : quelques brèves à la fin des infos, quelques lignes noyées dans les pages intérieures. Les journalistes sportifs veillent pourtant à garder le même ton lyrique et enthousiaste que pour les « vrais Jeux », à user des mêmes formules sur le dépassement de soi, tandis que les cameramen font des prouesses pour éviter de cadrer les tribunes désertes.

Mais on oublie de s'interroger soi-même : combien d'épreuves paralympiques avons-nous regardées dans notre vie, bien installés avec la réserve de bière et de chips à portée de main ? (En intégralité : ne trichez pas !)

Allez, avouons ce secret de polichinelle  : les Jeux paralympiques tels qu'ils sont – séparés, presque relégués – ne font pas recette, hormis auprès des familles, amis, entraîneurs et personnels du sport. Nous participons donc tous d'une certaine hypocrisie.

 

Au fait, qui peut participer aux Jeux paralympiques ?

« L'objectif est de faire concourir ensemble des athlètes ayant des aptitudes fonctionnelles comparables. Dans chaque handisport, on définit des catégories. Ainsi en athlétisme, il y a des épreuves de course pour les aveugles, pour les malvoyants, pour les amputés qui courent avec une prothèse et des courses en fauteuil roulant. » (Wikipedia)

On pourrait croire que c'est simple, mais non : la définition même de handicapé éligible pour ces compétitions n'est pas évidente.

— Vous voulez courir le 100m handicapé parce qu'il vous manque deux doigts ?

— Mais c'est la main droite, monsieur l'inspecteur !

— M'en fous. Refusé.

Sont-ils réservés aux handicaps de naissance ? Non, puisque on peut avoir perdu une jambe et y participer.

Sont-ils réservés aux handicaps physiques de naissance ET acquis ? Pas seulement, puisque on vient récemment d'accepter à nouveau les handicaps mentaux – qui avaient été exclus en 2004 après des cas de tricherie, de fraude et des problèmes de classification.

En fait, nous n'avons pu trouver de définition du handicap « éligible » aux jeux paralympiques.

 

Mais les handicapés « officiels » sont-ils les seuls à être handicapés ?

De nombreuses maladies gênent considérablement la vie… Faut-il pour autant créer une épreuve handisport pour les pontages coronariens de plus de 50 ans ? Ou les diabétiques ? La maladie serait-elle exclue du champ des Jeux ? Non, lorsque son évolution a causé une amputation ou une forte baisse de la vision.

 

Faut-il alors définir plus précisément les critères, faire passer des tests ?

— Non monsieur, le lancer de poids avec un bras articulé muni de quatre pistons turbocompressés n'est pas réglementaire : un seul piston par bras est autorisé.

 

Fraude, dopage et politique n'ont pas épargné les Jeux paralympiques !

Un athlète malvoyant a été vu en train de regarder le panneau d'affichage et exulter au vu des résultats !

La politique aussi est déjà là : pour un petit pays, il est plus facile d'intégrer les Jeux paralympiques que des disciplines où depuis des lustres quelques pays squattent les places d'honneur - le niveau des compétitions y est plus accessible.

Quant au dopage, il y sera bientôt présent, s'il ne l'est déjà – il n'y a aucune raison qu'une activité humaine soit préservée de fléaux qui ont tout envahi. Moi-même, pour écrire ce modeste papier, j'ai eu recours à plusieurs tasses de café.

On voit que tout ça est assez empirique et incertain.

S'il s'agit de montrer que les handicapés peuvent se dépasser, accomplir des exploits que nombre de citadins lambdas ne songeraient même pas à tenter, les Jeux ne sont pas nécessaires : une équipe de pneumologues et de pédiatres a fait faire l'ascension du Mont Blanc à un groupe de jeunes asthmatiques, et ici de l'Aconcagua.

 

Comparativement à l'élite du sport, nous sommes finalement tous des handicapés, c’est le principe même des Jeux  : voir s'affronter les meilleurs sportifs du moment (la fameuse devise : mens sana in corpore sano, dopage excepto, ou accepto – je ne m'en souviens jamais). À côté de cet élitisme assumé, les Jeux paralympiques font pièce rapportée – ce qu'ils sont d'ailleurs historiquement, l'antiquité n'en ayant jamais eu l'idée : barbares ou moins hypocrites ?


Je n'irai pas jusqu'à dire que les Jeux paralympiques nous servent d'alibi, de caution morale. Et si cette discussion vous a laissé penser une seconde que j'étais partisan de leur suppression pure et simple, c'est que vous avez mauvais esprit - olympique. Une telle idée serait de nature à m'attirer les foudres des bien-pensants, outre une avalanche d'anathèmes.

 

Le seul argument en faveur des jeux handicapés qui me semble pertinent et dénué d'hypocrisie, c'est la banalisation du handicap par sa médiatisation, l'entretien d'une image positive, volontariste. Un refus de l'exclusion.

Reste que c'est au quotidien que des millions de handicapés sont confrontées à l'exclusion, et non à la grand-messe du sport où ils sont entourés et même choyés.


A-t-on seulement demandé à tous s'ils ne préfèreraient pas que les sommes investies dans les Jeux soient consacrées à améliorer l'accessibilité des lieux publics, à vaincre les obstacles du quotidien, plutôt qu'à offrir l'ivresse télévisuelle à une poignée d'entre eux, durant quelques petites semaines ?

 

De toute façon, je ne regarde guère non plus les véritables JO, ce haut lieu de la corruption, du sport-business, au bilan carbone déplorable, outre l'aspect nationaliste ambigu et quelque peu malsain qui voit chaque nation comptabiliser soigneusement ses médailles et le pourcentage d'or et d'argent. Celui qui pisse le plus loin n'est pas encore sport olympique mais, sait-on jamais, l'audience féminine en serait peut-être soudainement stimulée !

 

J'avais naguère prédit que les prochains JO seraient exclusivement numériques et virtuels.

Je me suis lourdement trompé, et peut-être suis-je encore dans l'erreur. J'espère qu'on me pardonnera mes digressions sur les Jeux, tous les jeux, manifestement issues d'un esprit malade... Tiens, peut-être vais-je postuler dans la catégorie journaliste-citoyen, handicapé par rapport aux vrais journalistes professionnels – preuve qu'on est toujours le handicapé de quelqu'un.

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16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 21:22

Quel rapport entre l'espéranto, langue construite, et la décroissance raisonnée, durable, ou l'alter-croissance ?
Uniquement le sentiment personnel d'une certaine analogie.

 

Récemment, sur Arte, le reportage "Survivre au progrès" s'interrogeait sur la croissance. La Terre est toujours apparue aux hommes comme un monde aux ressources illimitées, mais chacun est maintenant conscient que tout ce qui paraissait inépuisable - pétrole, poissons, minerais, forêts - existe en quantité finie, parfois renouvelable sous certaines conditions,

Après ce constat, divers intervenants contestaient l'idée, pourtant fortement enracinée dans notre civilisation, que le progrès apporterait la solution à tous les problèmes qu'il avait engendrés.

Il faudrait pour cela des progrès qui n'entrainent pas eux-mêmes de nouveaux dégâts, sans quoi c'est une course sans fin.

Ce n'est pas impossible, mais rien ne le prouve. Inversement, il est évident que nous sommes en grand danger en voulant continuer à vivre de la même façon (cf. le célèbre « Le mode de vie des Américains n'est pas négociable »), d'autant que beaucoup de pays émergents souhaitent arriver à notre mode de vie consumériste.

Pour certains 'il est donc urgent de changer notre mode de vie, afin de réduire notre impact sur l'environnement. En valorisant d'autres principes qu'une consommation effrénée. On a ainsi vu naître l'agriculture bio, les « produits équitables », les « locavores » (consommation de produits locaux)...

Ces mouvements sont souvent caricaturés : les écolos voudraient nous ramener à la bougie pour lire les livres – dont les pages seront réutilisées comme papier-toilette, pourrait-on ajouter !

 

Récemment aux infos télé, on a pourtant pu voir un reportage sur l'aviation qui s'inscrivait parfaitement dans cette idée de décroissance raisonnée, sans que le concept fût cité : l'avion de transport régional (ATR) connaît un vif succès, après que son constructeur ait failli disparaître !

En quoi est-ce une décroissance raisonnée ? Eh bien, on associe d'ordinaire le progrès avec la vitesse, comme pour le TGV : or, l'ATR (deux hélices) va nettement moins vite que son équivalent à réaction, genre Falcon, mais il consomme nettement moins.

C'est un peu comme revenir au Corail en sacrifiant le TGV...

De même, dans l'habitat, de nombreux reportages nous ont montré toutes des expérimentations de nouveaux modes de vie qui essaient de concilier technologie et empreinte écologique.

 

Et les langues dans tout ça ?

Pour surmonter le mur de Babel, qui segmente l'espèce humaine en communautés sourdes les unes aux autres, nous avons les interprètes, la traduction automatique, le multilinguisme, l'intercompréhension et l'anglais.

Waouh ! tout ça ? Alors les résultats doivent être formidables, non ? Ben non, ça coince : je suis incapable de parler de foot ou de météo avec environ 95 % de l'humanité (au doigt mouillé car, curieusement, c'est un sujet sur lequel il n'existe aucune étude scientifique), et avec cette minorité je bafouillerais en anglais d'aéroport.

Passons sur les interprètes, cités pour mémoire : ce n'est possible que pour les réunions internationales ou dotées d'un gros budget.

 

Restent les trois autres solutions.

La traduction automatique, à l'évidence, est une foi dans le progrès technologique salvateur. Malheureusement, malgré les effets d'annonce récurrents (pour obtenir des budgets recherche et développement), et malgré la méthode statistique (TAS), permise par la puissance informatique, on est très, très loin du compte, ce que décrit bien cet article.

Le multilinguisme lui aussi rappelle cette foi dans le « toujours plus », en annonçant un avenir radieux où le citoyen européen parlera trois ou quatre langues à un bon niveau. Toujours plus tôt, anglais au CP et demain à la maternelle, avec films, séries et dessins animés en VO - càd. le plus souvent en anglais.

Un concept très en vogue est à rattacher à cette idée : l'éducation plurilingue, c'est-à-dire une scolarité en plusieurs langues dès le début.

 

Quant à l'intercompréhension, ce n'est qu'une hypothèse de recherche, un concept qui n'a produit aucun manuel permettant d'enseigner la méthode : c'est finalement ce que pratiquent depuis des siècles tous les voyageurs, marchands et politiciens, une connaissance de plusieurs langues à différents niveaux .

Un article de Swissinfo raconte à ce propos, comment dans certaines entreprises suisses on se débrouille avec plusieurs langues (l'anglais ne serait donc pas si efficace que ça ?)

« Non seulement de nombreuses personnes apprennent de nouvelles langues dans le cadre de la formation continue, mais le phénomène dit d'intercompréhension augmente. Soit des « gens qui connaissent différentes langues et qui réussissent même à en parler d’autres, ou du moins à les comprendre, sans les avoir étudiées », explique Georges Lüdi."

L'intercompréhension, finalement, c'est de la débrouille si on est gentil, de l'inter-malentendu si on l'est moins !

De même que nous nous voilons la face en niant que notre mode de vie actuel conduit l'humanité au désastre, nous refusons d'admettre que toutes ces solutions à Babel n'en sont pas, ou plutôt qu'elles aboutissent toutes à imposer l'anglais comme langue de communication, toujours plus tôt, et sans en avoir débattu démocratiquement ou dans les médias.

Or, c'est une langue complexe, autant que le français ou le chinois, et faire de la langue nationale de 5% de la population mondiale une langue internationale est une grande injustice sociale, économique, scientifique et humaine.

Toutes ces solutions au mur de Babel ont comme point commun le déni du constat d'échec actuel, une foi inébranlable dans le toujours plus, malgré des investissements financiers et humains énormes depuis un siècle, et d'être situées dans l'avenir, tout à fait comme le culte de la croissance. C'est pas terriblme actuellement ? Il faut faire plus, et ça ira mieux demain !

 

Inversement, l'espéranto est non pas une régression, mais la recherche d'une autre voie. Une tentative (réussie) de faciliter l'apprentissage des langues en rationalisant leur structure, en élaguant l'amoncellement exponentiel d'irrégularités qui est leur lot commun. En simplifiant sans être simpliste, en cherchant le meilleur ratio coût / efficacité.

 

Comme l'ATR consomme moins de carburant, l'espéranto économise de la mémoire et du temps - beaucoup, beaucoup de temps d'apprentissage (facteur dix environ), par sa régularité grammaticale et sa dérivation systématique des mots à partir des racines.

 

Comme la décroissance raisonnée, il s'attire depuis sa naissance les critiques et les moqueries des partisans du progrès – qui n'admettent pas qu'il puisse exister d'autres formes de progrès.


Comme la décroissance raisonnée, le système (pour faire simple) refuse de lui accorder le moindre crédit, de le soutenir (interdit même en simple option au bac), de le tester, de l'essayer dans le cadre européen.

 

Comme la décroissance ou l'altercroissance, ses preuves et ses succès sont négligés ou rejetés (congrès annuels, témoignages, avis de nombreux experts au cours du 20e siècle), sa réalité même est niée (« langue morte »). Comme le bio ou le solaire, ses progrès sont lents et se font dans l'adversité ou la moquerie, comme on a jadis plaisanté sur René Dumont et tous les précurseurs de l'écologie.

Ce fut le cas aussi du microcrédit, qui n'est pas le fruit de la société de consommation mais d'une réflexion sur des chemins alternatifs. Cela a valu à son inventeur le prix Nobel de la paix.

 

Comme pour tous les mouvements alternatifs, c'est à l'échelle des citoyens et rarement à celle des institutions que s'accomplissent ces changements. L'espoir demeure pour l'espéranto (étymologiquement « celui qui espère »), finalement un jeunot pour une langue, avec ses cent et quelques années ; il ne tient qu'à chacun qu'il accomplisse son destin de « langue équitable ».


Nota : les langues dites naturelles ont une propension à se complexifier en accumulant les irrégularités et les impasses. Il est souvent impossible, par exemple, de dériver de nouveaux mots d'après la racine quand les termes existent déjà, mais avec un sens différent : une médecine ne peut être madame le médecin, reconduire n'est pas conduire à nouveau, de même que retaper n'est pas recogner !

Nota : étymologie du mot « consumériste » : cons depuis l'époque des Sumériens.

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8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 15:02

De mauvais esprits ont mis en doute l'utilité des reportages en direct lors de l'assaut du RAID contre le terroriste de Toulouse. Pour mettre fin à cette polémique et prouver la qualité des infos de notre radio, nous transcrivons l'intégralité du reportage de notre envoyé spécial :

« Ça y est, il semble que l'assaut soit donné ! On entend des coups de feu, des tirs violents, des échanges de coups de feu – mais difficile de dire si les échanges se font dans les deux sens, ou dans un seul.

On entend des tirs d'armes lourdes, qui tirent des balles lourdes, les tirs sont violents. Certaines vitres sont brisées depuis la veille. Les voisins ont été évacués la veille, un par un – ou en petits groupes. L'immeuble est entouré de bâtiments, car dans ce quartier résidentiel il y a des résidences, des villas et des bâtiments qui nous cachent la vue directe de l'action. On entend encore des tirs violents.

(Une pause)

Selon nos informations, le RAID est entré dans l'appartement, par la porte et peut-être par les fenêtres du balcon, tandis que le terroriste est sorti de la salle de bains par son balcon, avant d’en tomber les armes à la main tout en tirant, et a été trouvé mort au pied de cette chute d'un étage, dans des circonstances encore à déterminer.
(pause)

Les tirs violents ont cessé. Nous attendons des nouvelles pour vous donner des nouvelles. »


Compte tenu de la difficulté de commenter en direct une action dont on ne voit rien et dont on ne sait rien, sinon par bribes et par personnes interposées, on saluera la performance de notre reporter à sa juste valeur. Nous n'avons pas à rougir comparativement aux chaînes télé qui ont meublé une bonne partie des trente heures de siège avec les images d’un immeuble, et des commentaires d’experts sur ce qu'il ne se passait pas.

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