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13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 23:01

Nous suggérons une pétition nationale pour que la Légion d'honneur soit décernée à J. Cahuzac (nomination directe à la dignité de grand-officier), mais également une pétition européenne pour qu'il soit proposé au prix Nobel de la paix.

Pourquoi tant d'honneurs pour un homme que tous accablent ?

Parce que grâce à lui nous avons - enfin - un président qui a non seulement annoncé une République propre mais porte haut le flambeau de la lutte contre les paradis fiscaux !

François Hollande vient en effet d'annoncer un catalogue de mesures propres à faire passer les diatribes de Mélenchon pour le prêche d'un brave curé de campagne :

"nécessité d'une lutte implacable contre les dérives de l'argent, la cupidité et la finance occulte".

Bon, il l'avait déjà dit dans sa campagne électorale, mais discrètement, presque en catimini, s'excusant ensuite devant la City comme si sa formulation avait outrepassé sa volonté. Là, non, c'est de la rage ! Après le choc fiscal, le choc de compétitivité, voici venu le temps du président de choc ! 

"Les banques françaises devront rendre publiques chaque année la liste de toutes leurs filiales partout dans le monde pays par pays"

Avec ses troupes d'assaut-cialiste, Notre président de choc va porter la lutte au niveau européen, voire mondial. Les paradis fiscaux devront « être éradiqués dans l'Europe et dans le monde. C'est la condition pour préserver et protéger l'emploi", ni plus ni moins ! Tremblez, mafieux et argent occulte, la force de frappe française arrive ! La stratégie est claire : frapper les esprits, puis taper au portemonnaie et, si ça ne suffit pas, on envoie les forces spéciales dans les îles anglonormandes - pour commencer.

Il reconstruira tout ce que notre ex-président Sarkozy a sabordé, peu sensible à ce sujet, fasciné qu'il était par la France qui réussit financièrement - avec ou sans dopage... Il avait réduit le pôle financier à la dimension d'un gros placard à balai ? On le reconstruira, avec pour faire bon poids une haute autorité, un parquet et un "procureur spécialisé".

Bon, plutôt que de créer des structures supplémentaires, on aurait pu maintenir des commissions parlementaires permanentes, avec pouvoir de contrôler et d'enquêter - les députés étant déjà payés par le pays pour faire leur boulot. De même, pourquoi créer un « Office central de lutte contre la fraude et la corruption », alors que ça existe déjà sous d'autres noms ? Mais ne chipotons pas : tout ça est fait dans l'urgence, on verra demain pour les détails, l'intendance suivra, dans la guerre économique comme dans les autres.

Grâce à J. Cahuzac, cette haute autorité "étudiera de manière approfondie la situation de chaque ministre avant et après sa nomination" : on espère que le président sera inclus, cela aurait été fort utile pour blanchir (ou pas) NS de tout soupçon sur le financement de ses appartements, sur lequel plusieurs médias ont émis des réserves...

Grâce à lui, le non-cumul des mandats – qui ne semblait pas urgent... - devient soudain une priorité, étendu qui en outre à d'autres activités professionnelles (les tribunaux de commerce peut-être, ou les politiciens-avocats ?)

"l'interdiction du cumul d'un mandat parlementaire avec l'exercice de certaines activités professionnelles pour prévenir tout conflit d'intérêt".

Il va falloir rétropédaler sec sur les projets de suppression de certaines chambres régionales des comptes !

Grâce à lui, la politique redevient passionnante ! Les prudents éléments de langage des politiciens se transforment en missiles : F. Fillon dévoile son patrimoine et met au défi son rival JF Copé d'en faire autant, sous-entendant au passage que les politiciens-avocats devraient déclarer à la fois leurs honoraires et le nom de leurs clients...

Que de suspicion soudain : hier tous honnêtes, aujourd’hui tous suspects ! Grâce à Cahuzac, fini les phrases lénifiantes des communicants, place au parler-vrai !

Grâce à lui, on se fait nous aussi taper sur les doigts ! Eh oui, nous, Français, avons souvent réélu des politiciens condamnés, par esprit clanique ou par corporatisme, camp contre camp : eh bien, c'est fini, nous ne pourrons plus voter pour des délinquants ! Zut alors, l'honnêteté, c'est parfois tristounet.

François Hollande a annoncé "une inéligibilité temporaire, voire définitive, pour les élus dès lors que ces motifs auront été reconnus et identifiés par la justice".

Rendons à César ce qui est à César : ce sont des magistrats, des politiciens atypiques ou des ONG comme Transparency international qui recommandent depuis longtemps la fin du secret des circuits financiers, la communication automatique des informations bancaires, et c’est maintenant François Hollande qui aura la lourde tâche d'accomplir tout ça, au risque s'il ne le fait pas, au moins en partie, d'une déception à la hauteur de ses annonces ambitieuses.

Mais c'est la première fois qu'un président s'engage à ce point, déclare une guerre ouverte contre le crime en col blanc, allant jusqu'à menacer les pays qui ne répondraient pas favorablement à notre cause sacrée : "je n'hésiterais pas à considérer comme un paradis fiscal tout pays qui refuserait de collaborer pleinement avec la France"

La légion d'honneur, soit, à la rigueur, mais pourquoi le prix Nobel de la paix, me direz-vous.

Selon les experts, une lutte efficace contre les paradis fiscaux permettra progressivement de réinjecter dans le tissu social l'argent noir des mafias et de la délinquance en col blanc. Une bonne partie des dettes nationales serait ainsi résorbée à moyen terme. C'est en cela que J. Cahuzac mérite le prix Nobel de la paix sociale.

Vous me direz que J. Cahuzac ne l'a pas fait exprès, qu'il n'y est pour rien ? Certes, mais nombre de découvertes scientifiques ont été faites par hasard, leur auteur est pourtant toujours entré dans l'histoire. Serait-il juste que le déclencheur d'une révolution morale sombre dans l'oubli ?

Déjà le Luxembourg a reconnu du bout des lèvres qu'il pourrait assouplir son secret bancaire, reconnaissant à contrario son rôle éminent de paradis fiscal ; de même la ministre suisse a dit qu'il fallait aussi s'intéresser aux îles anglo-normandes (cf. le Canard du jour). Les zones grises se dénoncent entre elles : ça sent la poudre !

Et tout ça grâce à qui ? Pas à Hollande qui, sans l'affaire Cahuzac, serait resté cantonné au réformisme prudent et consensuel qu'il affectionne. L'homme qui a transformé F. Hollande en chevalier blanc, l'alchimiste qui a transmuté notre social-démocrate en boutefeu, qui a déclenché un tel bouleversement européen, - cet homme du destin ne doit-il pas être honoré à la mesure de ces évènements ?

Le tout, c'est que notre héroïque président ne se transforme pas en Don Quichotte, s'attaquant à de malheureux moulins tandis que les vrais banksters battent la campagne et ramassent les radis...

NB : n'oublions pas non plus Nafissatou Diallo qui nous a très certainement évité d'avoir comme président de la République un homme à la moralité, disons, très atypique...

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