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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 21:40

 

27 pays d’Europe = 27 films. Samedi 9 mai, le réseau des cinémas UGC fête l’Europe en diffusant des films de tous les pays d’européens en VO sous-titrée. Mais la moitié des films sont sous-titrés en anglais ! 
« Le 9 mai 2009, à l’occasion de la journée de l’Europe, et pour la sixième année consécutive, certains cinémas UGC feront découvrir au public le cinéma des 27 pays de l’Union européenne, en partenariat national avec France Culture, Le Figaroscope, Métro et le Parlement Européen des jeunes. »
 
A noter que le 9 mai est en Russie (et dans l’ex-URSS) le jour anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie.
 
Une fois n’est pas coutume, j’indique un (bon) article de l’Humanité.
 
Et au lendemain du 8 mai, après la commémoration légitime du débarquement américain (ou allié), il n’est pas inutile de rappeler que 27 millions (!) de Soviétiques sont morts en luttant eux aussi contre le même envahisseur.
(Il eût peut-être été plus diplomatique et plus respectueux pour l’ensemble des parties combattantes de choisir pour fête de l’Europe le 10 mai...)
 
Après ce rappel sur ces dates très symboliques, revenons au cinéma.
 
 
Fêter l’UE en diffusant un film de chaque pays européen en VO sous-titrée était une bonne idée. Mais quelle surprise de découvrir que loin de les sous-titrer tous en français pour le public francophone, la moitié de ces films l’ont été en anglais ! (13 sur 27, soit 13 sur 26 si l’on excepte le film français.)
 
Pire : le titre original qui apparaît parfois en VO sur la jaquette, se transforme ensuite, comme le film lituanien Kolekcionieré devient The Collectress ! Idem pour Chypre, Belgique, Lettonie et Slovaquie.
 
 
Reconnaissons quand même l’effort et la difficulté de la tâche, détaillée dans cet entretien avec le site 20 minutes :
 
« — C’est la galère, si vous me permettez ce mot. Car il y a une vraie difficulté à trouver 27 films venus de chacun des 27 pays qui composent l’Union européenne. Il y a des États, comme le Luxembourg, Malte, Chypre, où la production cinématographique est quasi réduite à 0. On a une équipe italo-polonaise installée au Luxembourg qui se charge, toute l’année, de repérer les films qui pourraient faire partie de la sélection. En France, on a plus de facilités à trouver des films taiwanais, coréens ou mexicains, que ceux de certains pays européens.
— Comment l’expliquez-vous ?
— Cela s’explique notamment par la taille des pays. Plus un État est grand, plus il y a de chances pour qu’il ait une cinématographie importante. »
 
Une équipe se consacre à l’année à la recherche de ces films, mais UGC ne peut financer les quelques heures nécessaires à des traducteurs pour traduire les sous-titres ?
 
Force est de constater qu’UGC souhaite et soutient une Europe anglophone, tout en se parant de grands mots sur la richesse et la découverte des autres cultures :
 
« Que ce film estonien appartienne au cinéma d’auteur ou qu’il soit grand public n’importe pas, car aller voir un film estonien, c’est déjà une découverte. »
 
Belle initiative que cette promotion de la diversité culturelle de l’Union européenne. D’ailleurs, j’ai déjà fait des progrès, car soudain je comprends un peu le grec : Presently, l’estonien : I Was Here, le bulgare : Zift, les langues de la Belgique : Left bank, le letton : Little Robbers, le maltais : Santa Monica, le roumain : Picnic (c’était plus facile, c’est une langue proche des romanes), le slovaque : Return of the Storks, le slovène : Landscape n°2, et bien sûr le suédois : Ebverlasting Moments.
 
Saluons néanmoins l’effort de l’UGC, avec cet évènement culturel qui date de quelques années déjà, mais force est de constater que, loin des paroles hypocrites et creuses de la Commission européenne et du service du plurilinguisme sur les langues "richesse de l’Europe", l’industrie cinématographique, elle, vote pour l’anglais langue véhiculaire de l’UE et se moque de la promotion de la diversité des langues. Car on ne peut aller voir ces films que si on lit facilement l’anglais ! Et pour le soutien à la langue française, on repassera...
 
Cela dit, il s’agit d’une initiative privée : « un des tout premiers groupes européens de cinéma, présent en France, Belgique, Espagne et Italie. »
 
Le vrai scandale est que l’UE n’ait pas encore lancé une télévision européenne publique, ou ne soutienne pas déjà la mise en commun d’une partie de la production des chaînes publiques de tous les pays européens, à charge pour chacun de doubler ou sous-titrer dans sa ou ses langues, tout en conservant l’option VO grâce au numérique, pour que chacun puisse étudier les langues de son choix et à son rythme.
 
Nous avons la chance en France de disposer d’un doublage de grande qualité, ce qui permet de jouir de l’image et des dialogues, il faut garder cet atout, apanage des seuls pays où l’industrie cinématographique est forte, et peut-être bientôt pourrons-nous voir des films estoniens, polonais ou roumains doublés en français à la télévision.
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