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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 16:53

La France est endettée comme jamais, les missions françaises à l’étranger n’ont plus beaucoup de sous, certaines missions économiques d’aide aux entreprises ferment, bref, c’est presque la panade. Pourtant, soutenir la francophonie n’est pas uniquement une question de moyens. En ces temps de campagne électorale, les candidats font de leur mieux pour éviter d’annoncer des mesures précises qui fatalement leur feraient irrémédiablement perdre les électeurs mécontents de ladite mesure, alors qu’en demeurant dans le flou, il reste toujours une chance de convaincre les indécis. Aussi, qu’ils nous permettent de nous substituer à eux l’espace d’un court article en proposant une liste précise de mesures peu coûteuses, voire bénéficiaires.

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Texte

Pour bien défendre, il faut identifier les menaces. Or, la première menace contre la francophonie, c’est la langue anglaise, qui depuis l’adhésion, de la GB à l’UE, a terriblement fait reculer l’usage du français dans les instances de l’Union européenne. A ce sujet, un bon bilan du journaliste Quatremer sur son blog : "L’Union prend langue anglaise"

Et un article plus récent du même auteur : "L’autisme linguistique de la Commission"

1. Arrêt immédiat de l’étude de l’anglais à l’école primaire qui est imposé sans aucun choix possible par les parents (anglais dans plus de 80% des cas, parfois l’allemand ou la langue régionale), au profit d’une initiation linguistique large par l’étude de plusieurs alphabets, grec, cyrillique, arabe, voire quelques idéogrammes, et analyse des structures grammaticales de base, ce qui est tout bénef pour l’étude du français.

2. Privatisation de France 24, la chaîne d’infos en anglais payée par les Français, maquillée en plurilingue avec un canal en français qui fait doublon avec plein d’infos françaises (TF1, France2, Canal plus, M6, LCI, Euronews, TV5 etc.), et si vraiment personne ne veut racheter les parts de l’État, fermeture immédiate et arrêt de cette gabegie.

3. Renvoi par les ministères français de tout document qui leur parviendrait de Bruxelles non traduit ou non accompagné d’une traduction, à commencer par le Ministère de la défense, un des plus anglicisés.

4. Faire envoyer par le Ministère des Affaires étrangères à toutes les fédérations sportives un courrier rappelant aux sportifs de haut niveau qu’ils doivent faire toutes leurs déclarations officielles en français, en tant que représentants de la France, du moins tant qu’ils ne sont pas indépendants.

5. Arrêt immédiat du programme Erasmus mundus qui incite les universités à proposer des cours en anglais (le volet d’Erasmus récemment débuté, en 2004), ce qui a aboutit à ce que la France subventionne par les fonds européens son propre déclin de langue scientifique !

6. Accueillir dans de très bonnes conditions tout étudiant étranger venant faire des études de troisième cycle en France.

7. Faire établir par le Ministère une circulaire destinée aux chercheurs et universitaires pour les amener à soutenir HAL (Hyper article en ligne), le tout jeune site d’archivage gratuit en ligne des articles, en anglais, en français et autres langues, ou même dans deux langues, et qui permet aux chercheurs de proposer également leurs articles à des revues renommées, à fort "impact factor", donc sans nuire à leur carrière.

8. Discuter avec les scientifiques d’un système de publication préalable obligatoire en français - fût-ce dans une petite revue interne d’université - avant toute proposition à une revue anglophone, ce qui permettrait de garder l’antériorité juridique et limiterait les risques de fraude ou les retards de publication mal intentionnés... Il nous semble que le Japon a un système similaire.

9. Soutien conjoint par tous les pays francophones des revues scientifiques de langue française, au moins une de chaque discipline, jusqu’à ce que celles-ci atteignent la notoriété des meilleures de leur discipline, anglophones dans la majorité des cas.

10. Une circulaire du Ministère de l’intérieur pour rappeler aux maires et aux conseils régionaux qu’aucune loi n’a prévu qu’il faille traiter les ressortissants anglophones avec des égards auxquels les locuteurs des quelque 5998 autres langues n’ont pas droit. La même circulaire pourrait également être utile à quelques entreprises.

11. Entamer des discussions avec les pays francophones en vue d’un système de brevet qui serait valable sur tous ces pays.

12. Appliquer la constitution française et la loi Toubon, pour pouvoir travailler en français en France.

13. Cesser toute participation au concours de l’Anglovision... pardon : de l’Eurovision.

14. Traduire tous les titres des films américains, comme autrefois. Quand j’allais voir Les Temps modernes, Rivière sans retour, La Chevauchée fantastique, le titre seul me faisait déjà rêver. Mais devant Bloody killer and the fighting lady, ou Serial killer wil shoot on Saturday, je m’interroge. Les Douze salopards, ça laissait quand même mieux augurer d’immondes salauds que The twelve bastards, non ?

15. En parlant de traduction, le Québec a depuis longtemps une petite équipe d’une dizaine de fonctionnaires chargés de surveiller les nouveaux termes anglo-saxons qui apparaissent et de proposer des équivalents francophones qui sonnent bien (courriel, par exemple), pourquoi ne pas faire pareil ? On trouvera bien sous les lambris ou dans les placards de la République dix fonctionnaires que ce travail utile et créatif intéresserait, non ?

16. Engager une procédure en destitution de la dignité de la légion d’honneur envers toute personne qui soutiendra ou favorisera l’anglais comme lingua franca de l’Union européenne, ou qui ferait un discours en anglais dans ses fonctions officielles. On pourrait étendre cette mesure à toute personne résidant hors de France pour des raisons fiscales, ou devenant ultra-libérale après avoir sucé la moelle du service public et s’être constitué un beau carnet d’adresse, ou qui aura été convaincue de corruption, de prise illégale d’intérêt, de trucage d’élections, car nuire à l’image de la France, c’est nuire au français. Mais à la réflexion, non, il ne faut pas tomber dans l’extrémisme. Et puis, ça ferait trop de monde.

17.Campagne auprès des journalistes et animateurs télé pour leur rappeler que placer dans tous leurs articles des brunchs, coachs, brainstorming, know how, intelligence économique, bankable, clubabble, buzz, hoax et autres anglicismes, parfois dans un sens différent du sens originel, n’est que snobisme et effet de mode. Ils connaissent un peu d’anglais, bravo, ils sont forts. Mais connaissent-ils les expressions équivalentes ? Cependant, il faut être réaliste : si toutes les autres mesures sont simples et rapidement réalisables, celle-ci ne peut évidemment s’envisager qu’à l’horizon 2100...

Défendre la francophonie n’est donc pas seulement une question de moyens, mais aussi de volonté politique.

Après ces quelques mesures d’échauffement, rien n’empêche de réfléchir à des mesures plus énergiques !

P.-S.
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