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18 octobre 2009 7 18 /10 /octobre /2009 18:08

Un récent rapport d’Hervé Bourges confirme que la France ne défend plus la francophonie :

"Pour Hervé Bourges, il faut donc ’décomplexer la francophonie’, rendre plus visible les actions de l’Organisation internationale de la francophonie qui compte 68 Etats et gouvernements, et mener une ’contre-offensive linguistique, en multipliant, comme l’ont fait les Etats-Unis, les dispositions linguistiques en marge des accords commerciaux ou diplomatiques’ pour imposer le français.

Il faut reprendre l’offensive pour développer le français de manière décomplexée, à l’anglaise, parce que la bataille linguistique n’est pas seulement culturelle ou esthétique : c’est la bataille dont les enjeux véritables sont l’influence politique et la croissance économique", écrit-il.

Le principal mérite de ce rapport est de reconnaître l’existence de la guerre des langues, de rappeler son intensité :

"Il souligne que le British Council vient de lancer un programme visant à faire passer le nombre de locuteurs anglophones de 2 à 3 milliards avec un investissement de 150 millions d’euros, alors que les programmes de l’OIF pour l’enseignement et la promotion du français se montent à environ 6 millions."

Cependant, ce rapport oublie de dire qu’il faudrait commencer par balayer devant sa porte : cesser d’imposer l’anglais à l’école primaire (aucun choix, parfois allemand ou langue régionale), ainsi qu’en 6e (là encore, il n’y a souvent aucun choix), fermer French 24 (France 24), cette télévision anglophone financée par les Français, cesser de participer à l’anglicisation des universités genre Erasmus Mundus. A quoi bon ces propositions de fondations et de visa francophone, si dans le même temps nous organisons des cursus en anglais pour les étudiants étrangers, reconnaissance implicite de la domination anglophone dans l’UE ?

D’ailleurs, sur quelle base morale impose-t-on l’apprentissage de telle ou telle langue étrangère ? Libérez les langues et les enfants !

Si nous ne prenons pas ces quelques mesures de simple bon sens, et gratuites, les propositions du rapport ne seront qu’emplâtres sur une jambe de bois.

Sa deuxième faiblesse est qu’il ne voit d’autre chemin que la perpétuation de cette guerre des langues, ici essentiellement le combat de l’anglais contre le français – que beaucoup pensent perdu d’avance, comme c’est clairement apparent au sein de l’UE, dont la Commission roule à fond pour l’anglais lingua franca.

Les chantres de la francophonie oublient souvent que les locuteurs d’autres langues jugent en général que la leur est aussi précise, aussi riche, aussi digne que le français (ou l’anglais), et ne supplient pas à genoux qu’il leur soit accordé le bonheur de l’apprendre ! Quelle que soit la beauté de notre langue ou sa richesse culturelle, il y a quelque chose de paternaliste et de néocolonialiste dans cette attitude.

La seule solution rationnelle pour mettre fin à cette guerre linguistique, qui est également un incroyable gaspillage d’énergies, de ressources humaines et financières, c’est de soutenir l’espéranto comme langue auxiliaire de l’Union européenne. Et ce n’est pas un hasard si les pays les plus réticents à cette idée sont justement les langues autoproclamées "grandes langues", langues de grande diffusion hors de leur propre diaspora. Il faudra un jour choisir entre la guerre des langues ou la raison – c’est-à-dire le choix raisonnable qui provient de la réflexion sur un sujet donné, d’un cahier des charges et des essais qui en découlent, comme lorsque les ingénieurs font face à un problème. Le problème étant ici l’incommunicabilité entre les humains, la barrière des langues.

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