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18 octobre 2009 7 18 /10 /octobre /2009 18:33

France Inter l’a présenté dans une l’émission "Tcha tcha tchatche", d’Olivia Gesbert, 28/08/08, 10 heures, première partie, sur le thème les langues dans le monde (le français est-il menacé, l’anglais, etc.)

En duplex de France Bleu Provence : Roland Breton, géographe auteur de L’Atlas des langues du monde : une pluralité fragile, Ed. Autrement.

Avec Sylvestre Vanmuxen, président de l’association des professeurs de langues vivantes, Jean-Loup Cuisiniez, agent de maîtrise d’AXA Assistance, militant CFTC, membre du collectif pour le droit de travailler en français, et les reportages de Maja Nešković (chroniqueuse de l’ex-émission Arrêt sur images).

Félicitons ces deux journalistes pour leur ouverture d’esprit, pour avoir évité moqueries et clichés. Le boycott de l’espéranto – pourtant soutenu par des députés européens et enseigné à l’université dans d’autres pays – est si persistant chez nous dans les grands médias nationaux (c’est-à-dire à l’exception de France 3 et internet) qu’on en vient à féliciter des journalistes de faire leur travail !

M. Cuisiniez a pu aborder le thème du droit à travailler en français en France, notion qui paraît évidente, mais qu’il a été nécessaire de défendre devant les tribunaux...

Au gré des différents intervenants, il a été rappelé le rôle du colonialisme dans la répartition des langues, le rôle du rapport de forces. Que la proportion de l’anglais sur la toile a beaucoup régressé. Que, dans l’UE, la plupart des textes sont maintenant écrits en anglais, quand autrefois c’était majoritairement en français. Qu’il y avait un "manque de cohérence, de clarté" de nos politiciens sur ces sujets. Que le processus de Bologne d’intégration de l’enseignement supérieur conduisait à enseigner en anglais en France (Erasmus mundus), et à décourager les étudiants étrangers d’apprendre le français.

Malheureusement, le polyglottisme, la communication dans l’UE et dans le monde, les langues à l’école – ce sont des sujets si vastes et l’émission est si courte que bien des notions n’ont pu être abordées.

Manquait notamment toute évocation du choix des langues, du libre-arbitre : sur quelles bases morales et juridiques impose-t-on aux enfants l’apprentissage de telle ou telle langue ? Pourquoi l’idée même de choix est-elle moribonde en France ? (anglais imposé au primaire à près de 85 %, sans choix.)
 
Il a été rappelé que l’espéranto ne vise pas à remplacer les autres langues (l’analogie avec l’euro est trompeuse), qu’il ne s’agit que d’un plurilinguisme différent de français+anglais : un polyglottisme avec une langue auxiliaire européenne commune, français+espéranto+langue au choix selon les envies, l’origine familiale ou les besoins professionnels.

Quelques avis tout à fait contestables, à notre avis, ont été émis comme :


— Ce qui aurait été prouvé en matière d’enseignement précoce des langues, un domaine où les études scientifiques sérieuses, de bonne méthodologie, sont rarissimes, et où les opinions péremptoires nombreuses : c’est l’argument d’autorité qui a souvent servi à justifier des erreurs scientifiques.
On peut d’ailleurs tout à fait concevoir une initiation précoce aux langues, aux alphabets, à la phonétique différente des autres langues (projet Evlang), sans tomber dans la spécialisation précoce dans l’anglais, car le primaire est le lieu de l’ouverture d’esprit, de la découverte (divers sports, diverses formes musicales), pas de la spécialisation !


— Il a aussi été dit que l’espéranto n’avait pas vocation à être appris à l’école, alors que tant de langues sont possibles au bac en option !


— Au sujet de l’anglais : "Maintenant on ne peut plus faire marche arrière, c’est un fait établi", "l’anglais est le langage de la mondialisation".

Néanmoins, ce sont des sujets qu’il est urgent d’aborder, à l’heure où l’UE se fait chaque jour davantage un représentant de commerce de l’anglais, à l’heure où la diversité linguistique est en chute libre dans nos écoles, à l’heure où l’on se rend compte que la construction européenne telle qu’elle se fait est incompatible avec la défense de la francophonie.
Compte tenu du thème, on peut regretter le choix de la programmation musicale, aux trois quarts anglophone m’a-t-il semblé. On aurait pu songer à une chanson en italien, une en espagnol, en russe, etc., je crois qu’il y a des extraits de six ou sept chansons, dont une en espéranto !

Mais bravo donc à France Inter pour cette audace. Cette émission est écoutable pendant une semaine à compter du 28 août.
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